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Association SAALEM

Contexte > Situation économique des enseignants

Depuis les années 1975, face au manque d’enseignants fonctionnaires, des parents d'élèves se sont regroupés pour créer des "FRAM" (Fikambanan’ny Raiamandrenin’ny Mpianatra, une expression traduite littéralement par "association des parents d’élèves") utilisées pour recruter et rémunérer des maîtres et assurer la scolarisation de leurs enfants.

Ces enseignants sont appelés « maîtres FRAM ».

   Certains sont subventionnés par l’État, qui leur verse des salaires très faibles de façon trimestrielle.
Mais en 2023, il en reste encore 50 000 répartis sur tout le territoire, qui sont financés uniquement par les associations de parents d’élèves.
Leurs conditions de travail sont encore plus précaires : sans contrat de travail, avec des revenus très faibles souvent payés en nature, ils ne bénéficient d'aucune protection sociale et n'ont généralement reçu aucune formation pédagogique.
D'après l'UNESCO, si 65% des maîtres FRAM ont le baccalauréat, seuls 5% d'entre eux ont reçu une formation pour enseigner.

 

À Madagascar, la Constitution impose à l’État d’organiser "un enseignement public, gratuit et accessible à tous" mais dans les faits, l’école, même publique, est loin d’être gratuite : outre les droits d’inscription (environ 15€/an/enfant) l'écolage mensuel (environ 06€/mois) et les frais de scolarité (uniforme et fournitures), les parents d’élèves doivent souvent contribuer à la rémunération des maîtres FRAM.

Même s'il s'agit de salaires de misère, compris entre 7 et 11€/mois, c'est un effort conséquent pour beaucoup de familles : certaines les règlent en nature (sac de riz, prêt de terrain cultivable, etc.), mais pour les plus vulnérables, qui disposent parfois de moins d'un euro par jour, les coûts sont intenables et elles finissent par renoncer..

En 2022, le salaire mensuel d’un instituteur fonctionnaire  était d’environ 350 000 Ariary (77€), à comparer avec un revenu national brut mensuel par habitant de 43€ (source : Banque Mondiale).

Un instituteur FRAM touchait quant à lui entre 100 000 et 150 000 Ariary par mois (22 à 33€ environ)*.
Pour subvenir aux besoins de sa famille, il est donc obligé de cumuler d’autres activités rémunératrices.
Les enseignants FRAM non subventionnés sont les principales victimes collatérales de la dernière pandémie : les parents sont confrontés à de grandes difficultés économiques et financières dues aux confinements successifs et ne sont plus en mesure de s’acquitter de leurs cotisations auprès des associations de parents d’élèves.

 

Celles-ci ne peuvent donc plus payer les salaires des enseignants FRAM, dont la plupart travaille bien souvent "bénévolement".

 

* Source : École Normale Supérieure – Université d’Antananarivo, Octobre 2019